PARTAGE D'IDÉES

Au micro de Claire Servajean, dans l'émission "Une semaine en France" sur France Inter, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik interroge notre modèle de développement sous le prisme de la crise sanitaire actuelle. Une épreuve qui révèle, plus que jamais auparavant, les paradoxes de notre civilisation. 

L’influence de l'environnement naturel sur notre propre modèle de développement.

Boris Cyrulnik au micro de Claire Servajean : "Maintenant, on va être obligé de changer et de repenser toute la civilisation" © AFP / PHILIPPE WOJAZER / POOL

C'est peut-être devenu son principal objet de recherche, celui qui conditionne tous ses autres travaux. Dans son dernier livre, Des âmes et des saisons. Psycho-écologie (Odile Jacob), comme dans l'ensemble de son œuvre, le neuropsychiatreBoris Cyrulnik, se demande comment soigner les âmes. Il a exploré toutes les approches possibles, passant successivement par la psychologie, la neurologie, la psychiatrie, la psychanalyse, mais aussi l'éthologie humaine, pour ne citer qu'elles.

Cette fois, c'est sur fond de crise sociale et sanitaire que le célèbre auteur a décidé de revenir sur l’influence de l'environnement naturel sur notre propre modèle de développement. Plus que jamais, les paradoxes de notre existence se révèlent au grand jour. C'est ce qu'il sous-entend dans le concept de psycho-écologie, cette relation qui semble trop se distendre entre la nature et notre condition humaine, alors que nous sommes, d'après lui, bien plus sculptés qu'on ne le pense par notre espace naturel. 

"Notre culture a perdu la boussole,
nous naviguons à vue,
bousculés par les événement […]
Il nous faut reprendre un cap, car nous venons
de comprendre que l'homme n'est pas au-dessus
de la nature, il est dans la nature…"

- Boris Cyrulnik, Des âmes et des saisons. Psycho-écologie

Quand notre existence dépend de la prise en compte de notre environnement

Boris Cyrulnik : "Pour la quête du bien-être et la quête du bonheur, pendant longtemps, notre culture nous a fait croire qu'on était au dessus de la nature et que l'homme devait dominer la nature. C'est dans tous les textes sacrés de toutes les religions : l'homme doit dominer les animaux, doit dominer les femmes, les enfants et les hommes faibles et on a composé durant des millénaires avec cette représentation-là. 

Ça rendait déjà très malheureux et, surtout, cela nous a conduit à la catastrophe actuelle, car on se rend compte qu'on ne peut pas impunément écraser les autres et qu'il faut respecter un ensemble pour que, nous-mêmes, on soit bien heureux dans cet ensemble."

De la nécessité de repenser notre civilisation

La civilisation a été trop loin. Par exemple, on consomme beaucoup trop. 

On circule beaucoup trop et beaucoup plus vite. Ce sont les avions qui ont transporté le virus. Avant, c'étaient les bateaux. Avant les bateaux, c'étaient les chameaux, même si ça allait moins vite. Techniquement, le chameau moderne, c'est l'avion. Nous sommes allés beaucoup trop loin, on (notre modèle culturel tel qu'il s'est développé) a fabriqué le virus. On l'a transporté. 

  • "Nous sommes victimes de nos victoires"

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