LA MINUTE DE L'HISTOIRE
Yves Bonnefoy,
… un poète à Simiane-la-Rotonde
En 1963, Yves Bonnefoy achète avec sa femme Lucie, l’ancienne abbaye de Boulinette (Valsaintes)
Il raconte :
"… c’est tout à fait par hasard que pendant l’été 63, nous sommes rentrés, Lucie et moi dans une région de Haute Provence qui était alors déserte et semblait retirée du monde, …des collines boisées , un grand ciel, d’étroits chemins sous le ciel parmi les pierres, l’éternité des cultures simples, de quelques bergers, des troupeaux, partout beaucoup de silence ..."
Valsaintes est la scène de sa réflexion sur l’espérance, le leurre, l’erreur, le vrai.
Il dit encore :
"La poésie est une expérience du monde hors langage..
L’angoisse s’apaiserait, l’existence pourrait prétendre à une harmonie…"
"…. La maison de Valsaintes, j’en avais fait mon grand rêve, je l’avais vécue et parlée avec les mots de ce rêve…"
(Extraits de l’entretien de Y.B. avec John Naughton en Avril 2005 à propos de "Ce qui fut sans lumière" 1987 et "Dans le leurre du Seuil" paru en 1975.
Il retrouve dans nos collines des sensations de son enfance passée dans le Lot ;
Dans plusieurs de ses recueils de poésies l’inspiration due à ces deux lieux est imbriquée, entremêlée de souvenirs de l’enfance et de l’âge adulte, chaque ligne, chaque page sont marquées par ces lieux, par cette lumière, "l'Arrière Pays"(1972)
"Début et fin de la neige" (1991)
"Du mouvement et de l’immobilité de Douve"
Yves Bonnefoy est né en 1923 à Tours, et meurt à Paris en 2016
Sa mère et son grand-père instituteurs vont le pousser à faire de longues études. Il passera son enfance chez son grand-père dans le Lot.
Après avoir été lycéen au lycée de Tours, il poursuivra ses études de mathématiques, d’histoire , de sciences et de philosophie d’abord à l’université de Poitiers puis à la Sorbonne à Paris, il s’y installe définitivement en 1943 et se consacre à la poésie.
D’abord proche du mouvement surréaliste.
Il crée en 1946 la revue «la révolution La nuit»
Après 1947 il prend ses distances avec le surréalisme
De 1949 à 1953 il voyage en Europe grâce à des bourses d’études
puis travaille 3 ans comme attaché de recherches au CNRS
En 1953 il publie son premier recueil de poèmes au Mercure de France : «Du mouvement et de l’immobilité de Douve»
Au sujet de ce texte, il dit…. «l’expérience du vivant fondée sur l’expérience de la mort …»(entretien de Y.B. avec John Naughton, avril 2005)
A cette époque, il rompt définitivement avec le surréalisme et donc avec André Breton, chef de file de ce mouvement.
A partir de 1955 il est tenté par le visuel, il conçoit un film qui obtient le grand prix du court métrage.
Il allie des talents de traducteur ( Shakespeare, Yeats, Pétrarque, Léopardi), à des travaux historiques et critiques «Peintures murales de la France gothique».
A partir de 1960, il est régulièrement invité pour des périodes d’enseignement dans des universités françaises et étrangères (Nice ,Aix en Provence, Suisse, Etats Unis..)
Il est nommé professeur au collège de France
Ses poèmes sont régulièrement illustrés d’oeuvres graphiques d’amis artistes (Ubac, Alechinsky, Miro, Hollan, Tapiès, Titus Carmel, Bran VanVelde, Zao WouKi…)
Rédacteur en chef de la revue «Ephémère» avec Paul Celan, André Du Bouchet….et bien d’autres
il dirige en même temps deux collections chez Flammarion il est le maître d’oeuvre du grand «Dictionnaire de mythologies et des religions des sociétés traditionnelles et du monde antique»
En 2007, Thierry Machuel compose un oratorio, qu’il appellera «L’encore aveugle» à partir du texte «Les planches courbes»
Les années 60 montrent la reconnaissance qui lui est due au niveau universitaire, invité régulièrement dans des universités en France et à l’étranger, il est nommé Docteur Honoris Causa de plusieurs d’entre elles, et est nommé professeur au collège de France
Il est considéré comme un poète majeur de la deuxième moitié du XXe siècle.
Petite note,
«La galerie de Brian» a exposé ces dernières années les peintures de Jaqueline Lamba (Elle était l’épouse d’André Breton et a passé autrefois plusieurs vacances d’été à Simiane dans la maison Laugier).
Plus tard Martine Cazin exposera les dessins de Alexander Hollan.
La coïncidence est forte : André Breton fut l’ami de jeunesse, Alexander Hollan, l’ami de l’âge mûr, l’illustrateur ...
Yves Bonnefoy semble ainsi toujours présent à Simiane à travers les expositions de ces artistes qui ont tant compté pour lui.
A LIRE : Yves Bonnefoy :
entretien avec John Naughton à propos de
Ce qui fut sans lumière
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