LE PRINTEMPS DES POÈTES, VOS PREMIERS POÈMES SONT À DÉCOUVRIR
Cette année encore le printemps des poètes ne peut se dérouler en réunion conviviale.
Nous vous proposons de nous envoyer le ou les poèmes que vous avez écrit(s) ou découvert(s) par mail ou par courrier au plus tard le 29 mars.
Pas de prix, juste le plaisir de relire celui qui aura séduit le plus grand nombre.
Présenté et traduit par Gilbert Elkaïm.
Pablo Neruda, "Cien sonetos de amor". En français, "La centaine d’amour"
Sonnet 66
Je ne t'aime pas, mais seulement parce que je t'aime
et de t'aimer à ne pas t'aimer je vais
et de t'attendre quand je ne t'attends plus
passe mon cœur du froid au feu.
Je t'aime seulement parce que je t'aime toi,
je te hais sans fin, et te haïssant te supplie,
et la mesure de mon amour nomade
est de ne pas te voir et de t'aimer comme un aveugle.
Peut-être la lumière de janvier consumera,
de son rayon cruel, mon cœur entier ;
me dérobant la clé de la tranquillité ?
En cette histoire il n'y a que moi qui meurs
et je mourrais d'amour parce que je t'aime,
parce que je t'aime, amour, à feu et à sang.
Présenté par Martine Cazin
"La poésie portugaise fut symbole de résistance au cours des années sombres de la dictature de Salazar ; Jorge de Sena fut forcé de s’exiler au Brésil en 1959, puis aux Etats-Unis en 1965."
Jorge de Sena,
«Je sais le sel …»
Je sais le sel de ta peau sèche
depuis que l’été s’est fait hiver
de la chair au repos dans la sueur nocturne.
Je sais le sel du lait que nous avons bu
quand de nos bouches les lèvres se resserraient
et que notre cœur battait dans notre sexe.
Je sais le sel de tes cheveux noirs
ou blonds ou gris qui s’enroulent
dans ce sommeil aux reflets bleutés.
Je sais le sel qui reste dans mes mains
comme sur les plages reste le parfum
quand la marée descendue se retire.
Je sais le sel de ta bouche, le sel
de ta langue, le sel de tes seins,
et celui de ta taille quand elle se fait hanche.
Tout ce sel je sais qu’il n’est que de toi
ou de moi en toi, ou de toi en moi,
poudre cristalline d’amants enlacés.
Peregrinato ad local infecta
Traduit par Michelle Giudicelli (éditions de l’escampette, 1993)
L’orchidée éclose au flanc d’Antinoüs
voilé de lierre
d’où jaillit la lave du désir
la tension des membres qui s’ouvrent
le choc intellectuel du plaisir
le choc liquide
poreux
onctueux
fluide
gazeux.
Aude VELAY
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