De la solitude et de la liberté : un sacré sujet de débat que Fernando
Pessoa nous propose par l’intermédiaire de Gérald ! Ceci est extrait du
« Livre de l’intranquillité de Bernardo Soares » Fernando Pessoa,
nouvelle édition et traduction, Christian Bourgeois éditeur 2011 :
283
L.I
La
liberté, c’est la possibilité de s’isoler. Tu es libre si tu peux
t’éloigner des hommes et que rien ne t’oblige à les rechercher, ni le
besoin d’argent, ni l’instinct grégaire, l’amour, la gloire ou la
curiosité, toutes choses qui ne peuvent trouver d’aliment dans la
solitude et le silence. S’il t’est impossible de vivre seul, c’est que
tu es né esclave. Tu peux bien posséder toutes les grandeurs de l’âme ou
de l’esprit : tu es un esclave noble, ou un valet intelligent, mais tu
n’es pas libre. Et ce n’est pas toi qui es concerné par cette tragédie,
parce que la tragédie d’être né ainsi ne te concerne pas, toi, mais
seulement le Destin confronté à lui-même. Malheur à toi si, cependant,
c’est le poids de la vie qui te contraint à être esclave. Malheur à toi
si, né pour être libre, capable de te suffire à toi-même et de te
séparer des hommes, la pauvreté t’oblige à vivre parmi eux. La voilà
alors, ta tragédie, celle que tu emportes partout avec toi. …
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