LE FABULEUX DESTIN DES LIVRES …

Plaidoyer pour les boites aux livres 

Une lueur dans ces années grises de «covid» fut l’accès gratuit à la culture par les boites aux livres. 
Sous nos cieux numériques, cet abri de civilisation, tout de tôle, bois, carton ou papier constitué a permis de salutaires évasions. 
Il a offert une revanche à des écrivains injustement oubliés, et fait jaillir un «pourquoi pas ?» devant la lecture. Le confinement sanitaire, et ses brefs répits dans la cité, ont permis cela.  



Nous aimons passionnément, à Vivre à Simiane, les bibliothèques et les librairies indépendantes. Mais la sincérité du cœur et tous les efforts additionnés n’annuleront pas une réalité : ces institutions sont intimidantes. La soif de découvrir, pour certains, est rongée par des limites d’argent et une crainte intime. 
 
Tout au contraire, farfouiller dans une boite aux livres, c’est vivre une immersion spontanée sans entraves intérieures dans des aventures ou des savoirs. Et toucher une liberté essentielle pour qui souffre de l’appréhension du regard d’autrui. Nul ne jugera si tel ouvrage nous sera accessible ou pas, ou si telle lecture divertissante est digne. 
Pour nous, ces temps partagés en librairie ou en bibliothèque sont souvent si plaisants. Nous y vibrons d’intimes fiertés et de riches conversations. Le miroir humain nous y honore. C’est précisément parce que cela nous est si naturel qu’il nous faut redoubler de scrupule et d’attention pour nos boites aux livres.  
Elles offrent à tous, humblement, nuit et jour, un rendez-vous de l’esprit, un rendez-vous avec soi-même. Pour nous bien sûr, en supplément de nos richesses ; mais surtout pour nos contemporains solitaires qui cherchent leur place parmi nous.  

Une boite aux livres, c’est d’abord une architecture personnalisée, et il en est aujourd’hui partout, modestes et têtues. Elles s’affirment des campagnes, des banlieues ou des villes, des gares ou des aéroports, des centres d’affaires ou des ZAD, comme autant de sentinelles silencieuses face aux maux d’aujourd’hui : la continuelle exhibition d’une société bavarde, pénétrée de jouissances et de brutalités. 
 
Ainsi ces constructions infimes apaisent-elles nos yeux. Mystérieusement, elles vivifient nos forces morales et associatives. C’est beaucoup, mais elles portent un pouvoir supérieur encore …, une boite aux livres peut accueillir une âme et sauver une vie.  
 
C’est pourquoi, il nous faut embellir nos boites aux livres, les féconder, les visiter, les aimer. Nous qui affirmons sans relâche que la culture et la vie sont liées d’or, ce devoir est nôtre.  
 
Gilles Hardouin

Commentaires

  1. Merci à Gilles, ce beau commentaire ne m'étonne pas de sa part : sensibilité et intelligence, et engagement ! ON devrait regarder à "recycler" (déplacer ou autre) la boite à livres placées devant la maison anciennement occupée par les Enderlin et qui ne fonctionne plus vraiment depuis leur départ
    Gilbert ELKAIM

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  2. Moi aussi je trouve très beau ce commentaire de Gilles Hardoin. Il me donne l'envie d'ouvrir cette boite à livres et d'y déposer quelque chose à partager ... Vive les boites à livres !
    Julie Dourdy

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