FONDATION BLACHÈRE

VISITE DE L'EXPOSITION 

"RE-CRÉATIVE"

À LA FONDATION BLACHÈRE

C'est en terrain à la fois connu et inconnu que nous nous sommes retrouvées (eh oui, il n'y avait que des femmes ce jour-là...) ce vendredi de février à l'exposition Re-création présentée par la Fondation Blachère à Apt. 



En effet, cette femme noire allongée sur un divan, à qui une servante blanche présente un crâne, nous rappelle quelque chose...., ce déjeuner sur le sol d'une jungle luxuriante aussi....., et cette touffe noire qui se prolonge par une fente....ne serait-elle pas une claire référence à l'Origine du monde de Gustave Courbet ? Nous allons ainsi de découverte en découverte, d'interrogation en interrogation, de surprise en surprise. Nous passons vite devant certaines, tandis que d'autres nous intriguent, nous touchent, nous émeuvent même. 


Pour cette exposition, des artistes contemporains d'Afrique ou de la diaspora étaient invités à re-créer, ré-inventer, re-visiter à leur manière des grands maîtres de la peinture occidentale. Et à leur manière cela ne veut pas dire avec leur technique à eux, mais bien avec leur propre lecture des rapports entre l'occident et l'Afrique. C'est ainsi que la servante noire prend la place de l'Olympia de'Edouard Manet, qu'une vierge bleue, prenant pour modèle une femme africaine, questionne la représentation des modèles noire dans l'iconographie de la vierge dans la peinture européenne, qu'une série de photographies nous présente des femmes noires dans les poses et tenues choisies par les peintres de la Renaissance hollandaise pour symboliser le faste de la noblesse européenne. 

Les artistes affirment ainsi leur opinion politique, inversent les rôles, chamboulent les dogmes, dénoncent la rigidité des cadres sociaux, questionnent les rapports de domination à partir d'oeuvres de Manet, Delacroix, Courbet, Botticelli, Matisse, Picasso, Gauguin, Ingres qu'ils re-visitent. 


Une sculpture, qui occupe abondamment l'espace, nous a intriguées : une femme, Sophie, l'alter-ego de l'artiste Mary Simande, s'avance debout, dans un gracieux mouvement d'échappée, retenue par des racines tentaculaires. Celles-ci constituent un lien vital, mais il faut aussi savoir s'en défaire. C'est la construction de l'identité africaine dans le contexte post-apartheid sud-africain, ainsi que les stéréotypes véhiculés sur la femme noire qui sont ainsi symbolisés. 


Une photo nous a particulièrement remuées : un visage de petite fille, avec un col en fraise blanc, au regard à la fois doux et redoutable, nous rappelant que la richesse de l'Europe s'est construite sur un commerce colonial. Tout le poids d'un jugement dans un regard ! 


Artistes présentés : Clay Apenouvon (Togo), Moustapha Baidi Oumarou (Cameroun), Moufouli Bello (Bénin), Wim Botha (Afrique du sud), Angèle Etoundi Essamba (Cameroun) Pierre Man's (RDC), Frank Kemkeng Noah (Cameroun), Roméo Mivekannin (Bénin), Aimé Mpané (RDC), Hassan Musa (Soudan), Marc Padeu ( Cameroun), Yinka Shonibare CBE (Angleterre-Nigéria), Mary Sibande (Afrique du sud), Maya-Inès Touam (France – Algérie), Dagmar Van Weeghel (Hollande). 


Merci à Vivre à Simiane de nous avoir proposé d'aller voir cette belle exposition, à deux pas de chez nous......


Rose Meunier

L'exposition se termine le 19 mars. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

LE COIN DU LECTEUR

LE CHOEUR DE LA ROTONDE ET THIERRY RIBOULET

Un adhérent, un ami, Jean-Claude