LE COIN DU LECTEUR

Le groupe de lecture vous présente dans cette rubrique un résumé de livres que certains d’entre-nous ont particulièrement appréciés.

Aujourd'hui deux lecteurs partagent leur coup de cœur :

Dominique blanc vous présente : "Les tambours de la pluie", de Ismaïl Kadaré.



L'écrivain franco-albanais Ismaïl Kadaré,né en 1936, témoin des grands évènements politiques du XXeme siècle, a su traduire dans ses romans de grandes questions politiques et une dénonciation des totalitarismes sous une passionnante forme littéraire; commençant à publier dès 1953, il est notoirement connu pour ses romans tels que "le général de l'armée morte", "Avril brisé" … et a reçu de nombreux prix littéraires. Axant le plus souvent son action dans l'Albanie et les Balkans, il a contribué à faire connaître la secrète et antique Albanie, autant au plan politique que culturel.


Dans "les tambours de la pluie" chronique historique romancée, il brosse un extraordinaire portrait de la résistance albanaise à l'invasion ottomane au XVe siècle, histoire tragique qui va durer de 1443 à 1478 : un si petit pays opposé à la plus grande et puissante armée du monde de son époque, l’Albanie commandée par un général légendaire : le général Skanderbeg  (déformation d'Iskander bey, déformation d'Alexandre en référence à Alexandre le Grand, nom que ses ennemis eux-mêmes lui ont attribué) secondé par le peuple doué et doté d'une résistance acharnée, non seulement pendant la vie du général Skanderbeg (Georges Castriote de son nom de naissance), mais aussi plus d'une décennie après sa mort … C'est donc bien ici le peuple le héros! Cela rappelle bien des histoires du XXeme siècle ! et probablement du XXIème …


Au cours de cette chronique implacable, passant de l'armée ottomane aux combattants albanais, une angoisse terrible nous saisit, liée à l'utilisation de toutes les armes de guerre des turcs après le siège de la ville de Kruja, allant des canons monstrueusement dimensionnés à l'empoisonnement des populations et l'assèchement des puits, cette armée gigantesque sera défaite par … à découvrir dans ce formidable et passionnant ouvrage.

Edité en livre de poche chez Folio, donc accessible à toutes et tous, "les tambours de la pluie", de Ismaïl Kadaré.



Gilbert Elkaim vous présente : "Contrepoint", de Anna Enquist 
Roman (2008 en néerlandais, traduction française 2010 aux éditions Actes Sud).









Les "boites à livres" offrent souvent de belles rencontres. C’est ainsi qu’en furetant dans l’une d’elles à Banon, je suis tombé sur un roman, attiré par le titre musical "Contrepoint", et encore plus quand je découvrais qu’il portait notamment sur les "variations Goldberg", le chef d’œuvre pour clavier de JS.Bach, entendu il y a 4 ans au festival de Simiane. Ma curiosité était aussi renforcée par le fait que Nancy Huston avait aussi écrit son premier roman sous le titre Variations Goldberg (Seuil 1981, réédité Actes Sud 1994).

 

Je ne connaissais pas Anna Enquist, qui est en fait le pseudonyme choisi par une psychanalyste, poète et pianiste néerlandaise pour écrire. 

Le récit de contrepoint entrecroise, comme il se doit (point contre point, superposition des voix) le travail méthodique de la pianiste pour reconquérir, tel un alpiniste, le sommet des sommets que sont "les Goldberg", avec une vie familiale quasi banale : un mari musicien, deux enfants qui grandissent…

 

On entre ainsi d’abord dans "l’atelier" de la pianiste. Car conquérir les variations, c’est un labeur d’artisan, qui nécessite un environnement, réglage de l’éclairage sur le clavier, chaise à utiliser, une alchimie entre la pure technique (« les doigts jouent les notes », mais il ne se passe rien de plus) et l’esprit insufflé dans la partition. Rien de cela n’est ennuyeux, au contraire, car Enquist sait construire à partir du banal une sorte de transcendance laborieusement gagnée.

 

Tout aussi banal, voire plus, paraitrait sa vie de femme et de mère, dans cette ville d’Amsterdam ou d’autres lieux où la famille part en vacances, par exemple dans l’hivernale Suède. Mais du banal au drame, de la vie à la mort, l’art du contrepoint est là…

 

Le roman prend alors tout son sens avec le ressort le plus profond qui meut A.Enquist. Je ne le dévoilerai pas ici, cela ferait perdre au lecteur l’essentiel de la puissance de ce texte ; disons seulement que ce ressort personnel et déchirant donne au livre une dimension  universelle, vous laissant seul avec l’infini, symbolisé par la dernière note de la dernière variation dont on sait qu’elle reprend le thème initial des Goldberg. 

 

Gilbert ELKAIM




Le groupe de lecture se réunit une fois par mois pour partager et échanger des lectures anciennes et récentes.

Voici quelques titres qui ont été particulièrement appréciés par la majorité d’entre nous :


Le restaurant de l’amour retrouvé de ITO OGAWA


Où comment l’amour de la cuisine va permettre à une jeune fille devenue muette après une rupture amoureuse de retrouver sa voix et sa force de vivre, une histoire émouvante aux accents burlesques.

Un livre sur la résilience.









Pachinko de MIN JIN LEE


Une famille coréenne au Japon sur trois générations. L’histoire débute dans les années 30 au moment de l’invasion de la Corée par les japonais. 

Un livre sur l’immigration, le racisme et la condition de la femme.












Retour à Killybegs de Sorj Chalandon


Un roman historique sur la guerre en Irlande et la création de l’Ulster. 

Existe-t-il réellement des gentils et des méchants ? difficile de trancher…



















Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

LE CHOEUR DE LA ROTONDE ET THIERRY RIBOULET

Un adhérent, un ami, Jean-Claude