« Quand le numérique détruit la planète »

Un article du Monde diplomatique (octobre 2021) qui fait réfléchir et que j’essaie de vous résumer. Merci à Guillaume Pitron qui en est l’auteur averti et documenté.

Longtemps l’idée d’une industrie numérique propre car « immatérielle » a dominé les esprits ; la Silicon Valley semblait l’alliée naturelle dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cruelle illusion ! Une enquête conduite sur plusieurs continents en révèle le coût environnemental exorbitant : la pollution digitale est colossale et c’est même celle qui croît le plus rapidement.

Envoyer un courriel sur Gmail, un message sur What's App, l’émoticône d’un sourire ou des photos de chatons sur Snapchat, cela parait simple et inoffensif. Mais à l’échelle mondiale l’empreinte de l’industrie numérique (eau, matériaux, énergie) représente 3 fois celle d’un pays comme la France ; les technologies digitales mobilisent 10% de l’électricité produite dans le monde et rejetteraient 4% des émissions de CO2. La quantité de ressources nécessaires à la fabrication d’une puce électronique est de 22 kg de matière pour un circuit intégré de 2g…

Avec  les milliards de serveurs, antennes, routeurs et bornes wifi actuellement en fonctionnement, les technologies « dématérialisées » ne sont pas seulement consommatrices de matières, mais sont en train de constituer l’une des plus vastes entreprises de matérialisation jamais engagées. Pensons aux monstres de béton et d’acier des serveurs qui se multiplient au rythme du déluge d’informations numériques. La collecte des données est permanente et infinie. Le plus grand centre de données de la planète est chinois : Lanfang, 600.000 m2 (110 terrains de foot). La consommation en eau et électricité est exponentielle : pour éviter toute défaillance, une vidéo de chats est en général stockée dans 7 centres de données à travers le monde… Et les hébergeurs sur dimensionnent les infrastructures pour anticiper les pics de trafic, entrainant une fantastique gabegie électrique. Ainsi les centres de données vont-ils capter 1/3 de l’électricité du Grand Paris. D’ici 2030 ils figureront parmi les plus importants postes de consommation électrique du XXI° siècle. Et la source d’énergie pour la produire ? Principalement le charbon… Et que dire des fonds d’investissements pilotés par des machines ? Ils détruisent encore plus l’environnement que leurs homologues pilotés par des humains.

Alors oui, mangeons moins de viande, bannissons le plastique, évitons les voyages en avion ; mais… le commerce en ligne, la réalité virtuelle, la vidéo en ligne… Le tout numérique se déploie sous nos yeux. « Elément d’apparence évanescente, il est paradoxalement celui qui, plus que les autres, nous projettera au devant des limites physiques et biologiques de notre maison commune. »

Il ne me reste plus qu’à penser à la goutte d’eau du colibri devant l’incendie.

Martine

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